Imagerie mentale et aphantasie

S’imaginer la destination de nos prochaines vacances ou encore se revoir fermer la porte à clé avant de quitter son appartement sont des actions qui semblent anodines pour la majorité de la population. De fait, plus de 75% (prévalence de 4 à 15% de personnes sans imagerie mentale visuelle (Dance et al., 2022)) de la population possède la capacité de générer mentalement des images à sa guise. L’absence de cette faculté suscite beaucoup d’intérêt, tant pour les personnes découvrant que “voir” des images dans sa tête est possible que pour les personnes s’imaginant vivre sans cette habilité.

Récemment un gain d’intérêt est visible notamment à travers les médias avec la multiplication de blogs, de forums, d’articles et d’interviews traitant de ce trouble.

Comme pour beaucoup, il a été fascinant pour nous de découvrir l’existence de ce trouble et de confronter nos perspectives personnelles concernant l’imagination d’images mentalement. Nous avons donc décidé de mener notre projet de TER de L3 sur l’aphantasie et l’imagerie mentale visuelle.

L’imagerie mentale visuelle désigne la capacité d’invoquer des pensées imagées, mais également pourvues d’odeurs, de sons ou encore de sensations de mouvements (Pearson, 2019).

L’aphantasie se définit comme une imagerie mentale particulièrement faible, voire complètement absente dans certaines modalités sensorielles (Dawes et al., 2019). Dans ce rapport nous allons principalement aborder la modalité visuelle, c'est-à-dire l’incapacité à générer des représentations mentales visuelles volontairement. Le choix de se focaliser sur le sens de la vue est motivé par le fait que ce soit le sens le plus exploité chez l’être humain. Anatomiquement il est également intéressant de constater cet ascendant à la surface supérieure de cortex dédiée à la vision en comparaison aux autres sens (Pearson, 2019). Enfin la vision amplifie les émotions et les réactions physiologiques (Wicken et al., 2021).

L’objectif de notre travail est de renseigner de manière exhaustive l’ensemble des connaissances établies dans la recherche sur l’absence d’imagerie mentale visuelle.

Pour cela, nous avons dans un premier temps élaboré une revue de la littérature complète reprenant toutes les études portant sur l’aphantasie parues jusqu’au 28 mars 2023.

Cet état de la littérature s’articule autour de plusieurs thématiques : l'évolution de l'intérêt au sein de la recherche, les outils d'évaluation de l'aphantasie et les fonctions cognitives impactées.

Durant nos recherches nous avons observé des points intéressants mais peu renseignés tels que le guidage attentionnel en situation écologique et les stratégies employées par les contrôles et les aphantasiques lors de la réalisation d’une tâche de recherche. Dans l’objectif d’éclaircir ces zones d’ombres nous avons construit et réalisé une expérience. Cette dernière se base sur l’altération du guidage attentionnel à travers l’imagerie mentale visuelle (Monzel et al., 2021) et l’utilisation de stratégies spécifiques en fonction des scores d’imagerie mentale visuelle et de leur efficacité. Elle est inspirée par l’expérience de recherche indicée proposée par Monzel et al. (2023) à ceci près que la tâche de recherche est bien plus complexe afin de proposer une version plus écologique de cette étude.