Réponse traumatique et conductance cutanée
La conductance cutanée mesure des changements dans le niveau d'activité du système nerveux automatique (un stimulus effrayant induit généralement une augmentation). Dans les deux expériences menées par Wicken et al. (2021) la conductance cutanée est utilisée pour mesurer la réaction physiologique des sujets. Dans un premier temps un scénario fictif effrayant est présenté à l’écrit et dans un deuxième temps un scénario similaire est présenté mais avec des images. Lors de l’affichage des scénarios, la conductance cutanée (SCL) est mesurée avant et pendant. Les SCL sont significativement plus élevées chez les témoins par rapport aux aphantasiques ce qui suggère que les individus aphantasiques montrent une réaction de peur réduite face aux scénarios effrayants écrits par rapport aux témoins. En revanche, lorsque il y a des images, les résultats sont significatifs et équivalents concernant l’augmentation de la conductance cutanée pour les deux groupes.
Ces résultats mettent en avant le fait que la réponse physiologique provoquée à la lecture des scénarios fictifs dépend fortement de la possession d'une imagerie mentale intacte pour simuler le contenu du scénario. Les personnes aphantasiques montrent ainsi de manière attendue et significative une réaction de peur atténuée (SCL) en lisant des histoires effrayantes par rapport aux témoins pouvant visualiser l’énoncé.
Cette expérience souligne le rôle possible de l’imagerie mentale visuelle d’amplificateur émotionnel.
D’après l’expérience de Wicken et al. (2021) évoquée et ses résultats, les personnes aphantasiques devraient être moins susceptibles de développer un PTSD (Post Traumatic Stress Disorder). Le PTSD se diagnostique selon la présence de 4 symptômes principaux : évitement, hypervigilance, changements d’humeurs négatifs et des pensées et souvenirs intrusifs aussi appelés flashbacks. Plus le flashback semble réel, plus le PTSD est sévère. Le PTSD est un trouble pouvant apparaître à la suite d’une expérience traumatisante.
Keogh et al. (2023) a étudié l’impact de la vision d’un film traumatisant sur un groupe d’aphantasiques et contrôle à court et long terme. Les aphantasiques rapportent moins d’intrusions autant sur le court terme (juste après le film) que le long terme (semaine qui suit) et dans des modalités différentes (verbale, spatiale et tactile) essentiellement. Les modalités sensorielles les plus affectées par les pensées intrusives sont celles dont l’imagerie mentale correspondante est conservée chez les personnes aphantasiques. Par exemple, l’imagerie spatiale étant intacte, les pensées intrusives peuvent prendre la forme d’une sensation d’une voiture fonçant sur nous. Cette observation est une preuve de plus soutenant la théorie que l’imagerie mentale est un moteur clé de l’émotion négative et plus généralement est un amplificateur émotionnel. Pour conclure, les aphantasiques sont moins susceptibles de développer un PTSD après une expérience traumatisante ou alors les symptômes seront différents.